FLYING LANE
LA DEFENSE 2021
L’ANCRAGE TERRITORIAL ET INTERNATIONAL DE LA DEFENSE
La grille prend place de part et d’autre de l’axe historique de La Défense. Elle arrête l’altimétrie de sa voie la plus haute sur celle de la dernière marche du grand escalier de l’Arche. La FLYING LANE, ainsi appelée pour son coté aérien et suspendu apparent, s’appuie sur l’axe historique, renforçant ainsi la territorialité spécifique du quartier de la Défense et son lien historique avec Paris.
C’est une installation (au sens apporté aux œuvres intégrées par l’art contemporain) qui a pour projet de confédérer l’ensemble des espaces domestiques de la Défense comme l’a fait, avant elle, et dans une dimension plus parabolique, l’Arche, en 1989.
Il s’agit d’abord d’installer un ouvrage fonctionnel qui traverse l’espace intermédiaire de la Défense à une certaine altitude pour en changer la perception publique, en le dessinant pour qu’il soit le plus léger et le plus efficace possible. Il a pour vocation première de renforcer, avec technicité et élégance, cette idée qu’une ville peut fonctionner sans que des véhicules lourdement motorisés contraignent ou réduisent la fluidité des déplacements des individus et l’emprise actée d’un territoire libre. Un approfondissement, en quelque sorte, de cette spécificité particulière que la Défense a construite au fil du temps et qui demeure, malgré tout, une pensée théorique et territoriale forte, très souvent critiquée, mais qu’un récent regard sur l’environnement a remis paradoxalement en orbite.
L’ouvrage, tel que je le configure, crée :
Un terrain sensible où les séquences de déplacement consacrées au loisir croisent celles consacrées au travail et qui se réalise en tout point remarquable du site acceptant le projet (croisements des chemins et nouveaux pieds des tours)
Une succession de points d’accès nouveaux, érigés verticalement et visuellement plus forts et plus « amarrants » que ceux qui existent actuellement, rapprochant ainsi les communes situées en périphérie de la Défense de ses abords et de son parvis. De nouvelles connexions urbaines revitalisées au droit des bords de la dalle, des arrêts de bus, des stations de taxis et des accès aux lignes de métro.
Enfin, un paysage urbain exceptionnel et inédit qui ne manquera certainement pas de transfigurer radicalement l’espace entier du quartier de la Défense et le replacer ainsi dans l’univers futuriste et optimiste qui lui conviendrait mieux désormais.
Flying Lane peut-être le lieu d’amarrage et de visibilité de pièces d’art contemporain, nouvelles ou existantes, pour renouveler l’imaginaire de la Défense. Il s’agirait de suivre la Flying Lane, entre places, tours et jardins pour enrichir la perception de la ville et la transformer pour montrer la ville différemment à travers le regard des artistes.
REVITALISER LA DEFENSE PAR L’ANCRAGE DES NOUVELLES PRATIQUES DE LA VILLE
La FLYING LANE est dessinée exactement comme un système racinaire organique qui se serait appuyé sur la ligne et l’angle droit pour se développer. Son rôle ? Créer un support ininterrompu de flux continu et de communication directe entre les tours, construit un peu comme si on devait choisir de représenter, matériellement et le plus intelligiblement possible, la numérisation d’un espace naissant et de ses liens.
C’est aussi, avec cette réponse, cette manière particulière de conserver la séparation appuyée des attributions urbaines qui présida à la construction de la Défense. Puis, d’en dynamiser les principes fondateurs, par l’activation de nouvelles pratiques (espaces rétrocédés ou partagés, différenciation des flux, mobilités douces, décarbonations de l’air ambiant, réactivation du monde végétal).
D’ailleurs, l’ouvrage, favorise :
Une nouvelle densité qui déplace volontairement les points remarquables dans les étages, reconfigure l’entièreté de l’immeuble et le rend plus attractif, en effaçant ainsi le risque d’une spéculation foncière qui menacerait de ralentir un processus de développement qu’il est urgent d’entreprendre dans le quartier de la Défense. Autant de paramètres qui, suffisent à ce que les tours, par exemple, soient revalorisées économiquement, reconsidérées fonctionnellement et requalifiées énergétiquement par des travaux de mises à jour.
Le système d’échange installé entre les tours « anciennes générations » et les tours plus récentes, contribuera à éviter les démolitions des anciennes tours en les rendant facilement accessibles ainsi que tous les quartiers de la Défense, grâce aux dispositions suivantes :
1 - le niveau de référence horizontale de la Flying Lane facilite les déplacements pédestres, en vélo, en giroroues, en trottinettes électriques ou en drone (futur proche).
Une infrastructure urbaine qui se dessine sur toute son emprise avec deux niveaux de déplacement horizontaux, superposés (un pour les piétons, un pour les mobilités douces) et reliés au sol et entre eux par de grandes rampes circulaires.La même planéité de référence pour les deux voies, mettant en scène les déplacements à pieds, à vélo, à giro-roues, à trottinettes électriques ou guidant un service de drones (futur proche).
2- la grille orthogonale, en hauteur, des passerelles de la Flying Lane positionnée entre les tours est un repère spatial simple. Cette infrastructure pédestre, plantée d’arbres et d’arbustes dans l’axe est-ouest, scandée tous les 160 mètres environ par un croisement, installe des espaces publics ou privés avec une échelle plus domestique comme contre-point aux grands espaces de la Défense. Elle crée une ligne d’horizon végétale, et absorbe la topographie chaotique des dalles.
Comme équilibre mental et comme corollaire aux connections numériques virtuelles, nous proposons une visualisation réelle des déplacements et des activités dans les tours et hors les tours.
3- la connexion de la Flying Lane aux immeubles se fait à la même altitude, mais sous différentes formes. Les tours, abandonnant, pour l’occasion, une partie de leurs espaces privés pour construire une ville cohérente et changeante. Des plateformes généreuses sont aménagées au droit des connections pour former des espaces publics disponibles à l’intérieur ou à l’extérieur des tours selon les situations. A partir de ces espaces publics se développent des services multiples qui sont mises en réseau via une application qui permet à tout habitant de la Défense ou des communes riveraines de profiter de cette toile horizontale connectée.
Les anciennes tours seront ainsi rendus disponibles comme des espaces potentiels, revitalisés, grâce à leur numérisation avec les autres tours.
Ces liaisons entre les différentes générations de tours permettront une vie H24 sur la Défense et contribueront à créer du lien et de la vie entre les habitants des logements et les usagers des bureaux
REVELER LA DIMENSION ESTHETIQUE DE LA DEFENSE EN FAISANT BASCULER SES ESPACES DANS UNE DIMENSION RESOLUMENT ARTISTIQUE
FLYING LANE se présente, sur la totalité de son tracé, sous la forme d’une passerelle à deux étages, L’étage du dessous est réservé aux cycles et aux mobilités douces de toutes natures, pendant que l’étage du dessus, est exclusivement destiné aux déplacements piétonniers et aux espaces plantés et au système gravitaire de l’eau.
« Nous voulons créer un rapport kinésique avec les éléments, la vue des arbres, l’odeur du végétal, le bruit de l’eau, la perception de ce foisonnement végétal, pour interroger à nouveau notre cerveau primaire et remettre du sens à notre rapport aux éléments »
On va d’une tour à l’autre à une altitude élevée, juste ce qu’il faut pour profiter d’un espace qu’on n’a jamais pu voir, de cette manière-là, jusqu’ici.
On s’y déplaçait, sans contrainte, ni danger, hors du système métrique ou kilométrique habituel, informé par une signalisation informant en termes de temps à parcourir (temps piétons, temps promenade, temps footing, temps vélo ou temps engin électrique).
J’imaginais le soir venu, sur le viaduc du haut, des fêtes et des pique-niques, pensés comme dans une réplique de la passerelle des arts. Et j’évoquais, pour les accompagner, de grands et puissants candélabres, capables de créer d’immenses collines de lumière, visibles de si loin, que, de partout autour de La DEFENSE, on y viendrait prendre du bon temps.
Anne DÉMIANS,
Paris, le 21 Octobre 2021